Comme un géant… de Charleroi
V éritablement ancrés dans le folklore, les géants de Charleroi sont le reflet d’une ville en perpétuelle mutation… et d’une histoire bien propre. S’ils siègent à l’année dans le hall de l’Hôtel de Ville, ils se rappellent aux Carolos lors des Big Five. En route pour une (re-)découverte !
Au début était un carnaval
C’est en 1890 que l’idée d’un carnaval prend forme à Charleroi. Cette initiative est due à 3 célébrités du quartier du Sal’Debout (actuelle place de la Digue) : Jules “Baron” Lenoir, François Hiernaux et Arthur Lans. Voyant les fêtards revenir du carnaval de Binche par les trains du soir, ils se sont dit que pareille fête était possible au Pays Noir. Le succès fut total, si bien que l’année suivante, les habitants de la Ville-haute lancèrent, eux aussi, une fête similaire ; Charleroi eut donc 2 carnavals en même temps ! Dès 1892, les forces s’unissent pour offrir un cortège haut en couleur des différentes corporations et sociétés… Mais sans géants !
En effet, il faut attendre 1934, et les Fêtes de Wallonie, pour que soit célébré le retour à Charleroi de D’Jen, le verrier parti en Amérique, et D’Jenne, sa bonne amie ! En mal du pays, ils reviennent dans le Sal’Debout qui les a vus naître. Accueillis à la gare de l’Ouest, les géants sont escortés en fanfare par les autorités du quartier jusqu’à la place de la Digue où une “fièsse” est organisée sous les auspices du maire du jour, Jules Lenoir.
Dans un discours en wallon entrecoupé d’hommages musicaux, “toute l’escorte, celle qui est sur l’estrade, comme celle qui accompagne les géants tourne avec ces derniers”… le tout nappé d’une bière pour D’Jean et d’une “jatte di café” pour D’Jenne, sous oublier la “taute comm’ des roues d’tcherette”. S’ensuit un cortège à travers Charleroi et un retour pour un bal nocturne, scellant définitivement l’avenir des 2 géants à leur ville.
Une famille qui s’agrandit
Le 29 septembre 1956, D’Jean et D’Jenne se marient enfin ! Et quoi d’autres que des géants pour célébrer la noce ; d’où la présence du Champète et fu Facteur, témoins de l’union du couple, officialisée par l’Echevin Hermand Escarmure (qui deviendra lui-même un géant lors du carnaval de 2010).
L’année d’après, avec la création de 4 nouveaux géants, la volonté est de rendre hommage à des personnalités de Charleroi. C’est ainsi qu’apparaissent Davau, en souvenir de Ferdinand Davaux, dit “Nénesse”, dont les chansons et poèmes évoquent la région, et son accompagnateur Lahoussée ou Lawousse (François Lahoussée), musicien clarinettiste qui écuma les salles de spectacle de Charleroi. S’ajoutent le Maïeur, en souvenir de Jules Lenoir, le maire du Sal’Debout, et Maka, alias Léopold Willems, personnage folklorique qui officiait en journée comme porteur de bagages à la gare de Charleroi-Sud et qui chantait le soir dans les cafés carolorégiens. En 1992, le géant El Climbia vient célébrer le centenaire de cette association philanthropique.
Sans oublier l’heureux événement qu’offrent D’Jean et D’Jenne, en 1986, en présentant leur fils D’Jambo à la population de Charleroi !
Une nouvelle génération
Reflet de l’époque actuelle, Julia parcourt pour la première fois les rues de Charleroi en 2016, dans le cadre des festivités du 350e anniversaire de la fondation de la ville. Son nom évoque d’autres horizons et elle porte sa cité tatouée sur l’épaule droite. Engagée et solidaire, elle porte un brassard Caterpillar quand cette dernière annonce sa fermeture. Ce cadeau de l’Eden à la Ville est le fruit d’un collectif artistique et sert de trait d’union entre un folklore issu des traditions et celui qui se crée actuellement.
