La Ville se met au vert : le réseau d’énergie thermique
L a Porte Ouest de Charleroi, autrefois le cœur de l’industrie lourde en Belgique, connaît aujourd’hui une nouvelle vocation : devenir un modèle de transition énergétique, en valorisant la chaleur résiduelle produite par les activités industrielles locales.
Un héritage industriel transformé
Pendant des décennies, la Porte Ouest de Charleroi a été l’épicentre de l’industrie lourde du pays. Avec ses aciéries, ses mines de charbon et ses usines métallurgiques, cette zone a marqué l’histoire économique et sociale de la région. Cependant, au fil des années, l’industrie lourde a lentement décliné, laissant place à des défis de reconversion.
Malgré cette transformation, la zone de la Porte Ouest demeure un témoin incontournable de l’histoire industrielle de Charleroi. En réponse à ce passé, la Ville a lancé un projet de redynamisation qui repose sur la mise en valeur du patrimoine industriel tout en développant de nouvelles activités, notamment dans les domaines des technologies, de la culture et de l’innovation.
Un réseau d’énergie thermique innovant
L’un des axes de cette redynamisation est la création d’un réseau d’énergie thermique qui valorise la chaleur résiduelle produite par les activités industrielles encore présentes sur le site. Cette chaleur, qui autrement serait perdue, peut être récupérée et redistribuée pour chauffer des bâtiments publics, des logements et des industries. Selon Régis Callens, agent technique énergie et responsable du plan climat à la Ville de Charleroi, “ce système permet non seulement de réduire la dépendance aux énergies fossiles, mais aussi de contribuer activement à la transition énergétique en diminuant les émissions de CO2”.
Le projet s’inscrit dans le cadre du programme POLLEC (Politique Locale Energie Climat), soutenu par la Wallonie, qui vise à accompagner les communes dans la mise en place de stratégies locales de transition énergétique. Il s’agit d’un enjeu majeur pour Charleroi, qui souhaite à la fois préserver son patrimoine et répondre aux défis environnementaux du XXIe siècle.
La valorisation de la chaleur “fatale”
Dans certaines industries, les processus de production nécessitent des températures élevées, générant ainsi une chaleur dite “fatale” qui est souvent dissipée dans l’environnement. Cette chaleur, bien que non utilisée, représente une source d’énergie non négligeable. La possibilité de la récupérer et de la réinjecter dans un réseau de distribution est au cœur de l’innovation qui se déploie dans la ville.
Ce système de récupération permet de réduire les besoins en combustibles fossiles pour le chauffage des bâtiments et des industries, tout en améliorant l’efficacité énergétique globale. Grâce à ce réseau, les industries locales pourront décarboner leurs processus de production, un enjeu crucial pour répondre aux objectifs climatiques fixés par la Wallonie. Les échanges d’énergie entre les différents acteurs industriels permettront également de créer des synergies, optimisant ainsi les ressources disponibles sur le territoire.
Un projet à l’échelle de la ville et de la région
Le réseau de chaleur thermique de Charleroi s’étend sur plusieurs secteurs de la ville. Actuellement, 2.5 kilomètres de tuyaux ont déjà été installés dans la Ville Haute, avec l’ambition de rendre ce réseau opérationnel d’ici 2027. L’objectif à long terme est de relier ces petits réseaux entre eux pour créer un grand réseau interconnecté, faisant de Charleroi un modèle de transition énergétique à l’échelle de la Wallonie.
D’autres projets sont en cours d’étude dans la région, tels que les projets Quais de Sambre et Charleroi Sud. Ces initiatives visent à étendre la couverture du réseau thermique et à toucher un maximum de foyers, d’entreprises et de bâtiments publics. A terme, Charleroi ambitionne de devenir un acteur clé dans la transition énergétique de la Wallonie, en transformant son passé industriel en un moteur de l’innovation durable.
Vers un modèle durable et décarboné
La valorisation de la chaleur résiduelle, au-delà de ses avantages écologiques, offre également des perspectives économiques intéressantes pour la région. En permettant aux industries locales de réduire leur dépendance aux énergies fossiles et de décarboner leurs activités, ce projet soutient à la fois la compétitivité des entreprises et la qualité de vie des habitant·e·s.